C'est loin, et pourtant…. J'avais presque vingt ans, pas sorti du formatage familial, première commande: un tympan de la plus laide église du puy, je me fais les dents. Première expérience première épreuve. Une fois les personnages sculptés sur une grande planche dans la cour de la maison–atelier de mes parents, je pars faire du camping avec un copain, Jean Louis Contal, chez mon oncle à Saugues. Ma sculpture pendant ce temps sèche, mon père la cuit. Quand deux jours après il vient me voir il m'apprend que ça a pété toute la nuit dans le four ! Je laisse Jean louis, rentre, ouvre le four, une foule de morceaux, je dirai une cinquantaine, sont en tas. La refaire? plus le temps alors je file chez le droguiste de la rue Pannesac et achète du ciment pour réparer les foyers des cuisinières. Une journée à remonter ce puzzle en 3 dimensions, l'émaillage habituel de mon père un bleu presque blanc laiteux et épais. Cuisson, ça tient et je repars à Saugues. Un mois après, mise en place, scellé ça tient toujours. Si ce chef d'horreur avait été signé Kaol je me serai arrangé pour le refaire ou le détruire. Mais mon père s'appelait Marcaggi comme mes enfants et Kaol est né plus tard, il a maintenant 30 ans, vierge de ces erreurs. Quand je passe sur la route je jette toujours un regard pour voir si c'est tombé, hélas elles tiennent toujours sur leur tympan. Cela m'a quand même permis de ne jamais désespérer lorsqu'une pièce casse, c'est impressionnant, mais réparable et aussi: que les œuvres correspondent à un temps de création et de regard, quand le temps passe……..
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